
Le cubisme est un mouvement artistique du début du XXe siècle, qui constitue une révolution dans la peinture et la sculpture, et influence également l’architecture, la littérature et la musique.
Produites essentiellement dans la région parisienne, les œuvres cubistes représentent des objets analysés, décomposés et réassemblés en une composition, comme si l’artiste multipliait les différents points de vue. Elles partagent également une récurrence des formes géométriques et du thème de la modernité.
Développé à partir de 1907 à l’initiative des peintres Pablo Picasso, Georges Braque et dans une certaine mesure Auguste Herbin (« précubisme »), le cubisme connaît son apogée lors de la période dite du cubisme analytique (1910-1912) avec des œuvres d’artistes comme Juan Gris, Jean Metzinger, Albert Gleizes, Robert Delaunay, Sonia Delaunay-Terk, Henri Le Fauconnier, Eugène-Nestor de Kermadec et Fernand Léger. Suivi par le cubisme synthétique et l’orphisme (1912) puis interrompu pendant la Grande Guerre (1914 à 1918), le mouvement demeure actif jusqu’au milieu des années 1920, notamment grâce au soutien des marchands d’art Léonce Rosenberg et Daniel-Henry Kahnweiler. Il cède ensuite la place à de nouveaux courants d’avant-garde: le mouvement dada, l’abstraction géométrique, le surréalisme, De Stijl ou encore l’Art déco.
Le cubisme a connu un succès important à travers le monde, donnant parfois lieu à l’élaboration de variantes nationales telles que le cubisme tchécoslovaque. S’il est surtout connu comme mouvement pictural, la sculpture a joué un rôle important dans le développement du mouvement. Après Pablo Picasso, initiateur de la sculpture cubiste dès 1909 (Tête de Fernande), les principaux sculpteurs cubistes sont Alexandre Archipenko, Joseph Csaky, Raymond Duchamp-Villon, Jacques Lipchitz, Henri Laurens, Pablo Gargallo et Ossip Zadkine.
D’après le marchand d’art Wilhelm Uhde, le terme « cubisme » est un néologisme inventé par Max Jacob, qui participait, en juin 1907, avec Pablo Picasso et la compagne de celui-ci Fernande Olivier, Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin, à de joyeuses réunions animées par le haschich et les discours du mathématicien Maurice Princet. En 1908, au cours d’une réflexion, Henri Matisse qualifie de « cubiste » le tableau de Georges Braque, Maisons à l’Estaque (1907-1908). L’idée est ensuite relayée par le critique d’art Louis Vauxcelles qui, pour décrire ces demeures géométriques, parle de « petits cubes ». Auparavant, dans un contexte similaire, le critique Louis Chassevent, dans son article de 1906 sur Les Artistes indépendants, définit alors Jean Metzinger comme « un mosaïste comme Signac, mais il est plus précis dans sa découpe des cubes de couleurs, qui semblent avoir été fabriqués par une machine ».
L’usage général du terme « cubisme » date de 1911, principalement en référence à Metzinger, Gleizes, Delaunay et Léger. En 1911, le poète et critique Guillaume Apollinaire accepte le terme au nom d’un groupe d’artistes invités à exposer aux Indépendants de Bruxelles. « Du Cubisme », écrit par Albert Gleizes et Jean Metzinger, est publié en 1912 dans un effort pour dissiper la confusion qui fait rage autour du mot, et comme un moyen de défense majeur du cubisme, qui avait causé un scandale public à la suite du Salon des indépendants de 1911 et du Salon d’automne de 1912. Clarifiant leurs objectifs en tant qu’artistes, ce travail est le premier traité théorique sur le cubisme et il reste encore le plus clair et le plus intelligible.
Le résultat, en plus d’une collaboration entre ses deux auteurs, reflète les discussions du cercle d’artistes qui se sont réunis à Puteaux et Courbevoie. Il reflète les attitudes des « artistes de Passy », qui comprenaient Picabia et les frères Duchamp, à qui certains de ces passages ont été lus avant publication. Le concept développé dans « Du Cubisme » d’observer un sujet à partir de différents points dans l’espace en même temps, c’est-à-dire l’acte de se déplacer autour d’un objet pour le saisir à partir de plusieurs angles successifs fusionnés en une seule image (des points de vue multiples, la perspective mobile, ou simultanéité), est maintenant un phénomène généralement reconnu pour décrire le cubisme.
Le manifeste « Du Cubisme » par Metzinger et Gleizes a été suivi en 1913 par « Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques », une collection de réflexions et de commentaires de Guillaume Apollinaire. Apollinaire avait été étroitement associé à Picasso depuis 1905, et à Braque depuis 1907, mais a donné autant d’attention à des artistes tels que Metzinger, Gleizes, Delaunay, Picabia et Duchamp.
Caractéristiques
- Déconstruction des formes : Le cubisme cherche à représenter les objets sous différents angles simultanément, fragmentant les formes en géométrie simple (cubes, cylindres, sphères) et en facettes.
- Perspectives multiples : Au lieu d’une perspective unique, les cubistes intègrent plusieurs points de vue dans une seule œuvre, créant un effet de profondeur et de complexité visuelle.
- Palette de couleurs : Les premières œuvres cubistes (cubisme analytique) étaient souvent monochromatiques, utilisant des tons de gris, de bruns et de verts. Plus tard, avec le cubisme synthétique, des couleurs plus vives et des collages ont été introduits.
- Collage et matériaux : Les artistes cubistes expérimentaient avec des matériaux variés, incorporant des éléments extérieurs (papier, journaux) dans leurs œuvres, ajoutant une nouvelle dimension à la peinture.
Le cubisme a profondément influencé l’art moderne, ouvrant la voie à des mouvements tels que le futurisme, le constructivisme et le surréalisme. Il a également changé notre compréhension de la représentation et de la perception, remettant en question les notions traditionnelles de l’art et de la réalité visuelle. Le cubisme reste l’un des mouvements les plus innovants et marquants du XXe siècle.