Pour en finir avec l’Art moderne

Pour en finir avec l’Art Moderne
Performance de Patrice Robin avec l’aide de Philippe Verly à Sète (Hérault) en août 2005.
Un hommage à Yves Klein, Kasimir Malevitch et Niki de Saint Phalle.

C’est Niki de Saint-Phalle qui, la première, a commencé à tirer à la carabine sur des tableaux de peinture au lieu de manier les pinceaux…

Dès 1961, elle organise des séances de Tirs, qui sont des tableaux préparés fixés sur une planche, composés par exemple de morceaux de plâtre, de poches contenant des œufs, des tomates, des berlingots de shampoing et surtout des flacons d’encre sur lesquels la jeune femme tire à la carabine, créant ainsi une œuvre. Au début, elle organise cela avec des amis, notamment Pierre Restany, le photographe Harry Shunk et Daniel Spoerri.

En juin 1961, se tient sa première exposition personnelle (« Feu à volonté ») à la galerie J : c’est là qu’elle met en place officiellement les Tirs, où les spectateurs sont également invités à utiliser la carabine pour tirer sur les poches de couleurs…

Cette démarche s’inscrit alors pleinement dans l' »action painting » du moment. Véritable happening-performance, l’artiste ne peint plus avec des pinceaux, et invite même les autres à créer avec elle, laissant une grande place au hasard. Niki de Saint-Phalle dira de ces tirs qu’ils étaient « Un assassinat sans victime » et qu’elle tirait car elle aimait « voir le tableau saigner et mourir. » Bien d’autres séances de plus en plus spectaculaires auront lieu, notamment au sein de l’ambassade des États-Unis, puis aux États-Unis même, comme à Los Angeles où les Tirs se dérouleront en grande pompe, en 1962. Niki de Saint-Phalle en fera beaucoup de déclinaisons, par exemple en tirant en 1962 sur une réplique de la Vénus de Milo, véritable icône de la féminité parfaite, assassinée en un instant…

L’International Klein Blue (IKB), parfois appelé bleu Klein, est un procédé déposé quant à lui le 19 mai 1960 à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), sous l’enveloppe Soleau no 63471 par l’artiste plasticien Yves Klein. Il associe le bleu outremer synthétique à un liant choisi avec l’aide du marchand de couleurs Édouard Adam.

Selon la loi, personne ne peut s’approprier une teinte. « Blue » dans le nom de l’IKB ne saurait désigner une nuance de bleu, mais uniquement un produit bleu. C’est l’association du liant et du pigment qui fait l’originalité du produit et permet de le déposer.

Le dépôt par Yves Klein d’une enveloppe Soleau pour un produit bleu de sa composition est souvent considéré comme un acte artistique au sens de l’art conceptuel.

Le Carré blanc sur fond blanc (titre complet : Composition suprématiste : carré blanc sur fond blanc) est une huile sur toile, peinte par Kasimir Malevitch en 1918. Appartenant au mouvement du suprématisme, elle consiste en un carré de couleur blanche, peint sur un fond d’un blanc légèrement différent. Cette œuvre est souvent considérée comme le premier monochrome de la peinture contemporaine et il reste l’un des plus célèbres.

Malevitch a utilisé deux blancs d’origines différentes, « l’un froid et très légèrement bleuté, pour le carré, l’autre chaud et un peu ocre, pour le fond ». Le Carré blanc sur fond blanc est actuellement exposé au Museum of Modern Art (MoMA) à New York.

« J’ai troué l’abat-jour bleu des limitations colorées, je suis sorti dans le blanc, voguez à ma suite, camarades aviateurs, dans l’abîme, j’ai établi les sémaphores du Suprématisme. […] Voguez ! L’abîme libre blanc, l’infini sont devant vous. »

— Kasimir Malevitch, Du cubisme et du futurisme au suprématisme. Le nouveau réalisme pictural, 1916.

Images: daphné chevolleau et guillaume chaplot